2. Lui qui, en tant que prêtre bien conformiste, dépeignait les joies célestes avec les couleurs les plus merveilleuses, qui s'épuisait souvent à représenter les délices et la béatitude du royaume des anges, sans oublier bien sûr l'enfer et le pénible purgatoire, luimême, un vieillard déjà presque octogénaire, n'avait toujours pas la moindre envie de prendre possession de son paradis si souvent glorifié; mille autres années de vie terrestre lui étaient préférables à un ciel imminent avec toutes ses délices et sa félicité. 3. C'est pourquoi donc notre évêque bien malade faisait tout pour recouvrer la santé sur cette terre. Les meilleurs médecins devaient l'entourer constamment; dans toutes les églises de son diocèse, des messes énergiques étaient prononcées; toutes ses brebis étaient sommées de prier pour qu'il reste en vie, de faire sans cesse de pieuses suppliques, moyennant quoi elles bénéficieraient de toutes les indulgences. Dans la chambre du malade, un autel était dressé où, le matin, trois messes étaient dites pour son retour à la santé; et, l'après-midi, trois moines les plus pieux récitaient d'un trait tout le bréviaire auprès du Saint-Sacrement exposé en permanence.
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